Elle porte de lourds fagots de bois
De grands baquets de linge
ou d’imposantes bottes d’herbe;
sur sa tête elle porte.
Je démarre ma voiture en pestant contre le froid.
Elle chante, quand moi je râle,
plus lourd qu’elle
plus important que sa silhouette.
Elle porte.
J’arrive au supermarché, je n’ai pas de jeton de caddie, je grommelle.
Et rien ne peut gêner
l’enfant accroché dans son dos.
Et rien n’arretera
la femme qui, nonchalamment, ne s’arrête pas.
Je cours avec mes sacs plastiques,
Il est l’heure de l’école.
Je n’ai pas le temps,
Les enfants devront s’occuper seuls.
Elle marche, celle qui porte.
Loin, longtemps, tard.
Dieu seul et elles savent où.
Et demain, elle portera.
en chantant.
Et chaque jour,
jusqu’à l’extinction de sa flamme.
Deux femmes, deux raisons.
Une seule question :
Comment prendre le temps de Dieu?
(Extrait du Mensuel protestant réformé régional Centre-Alpes-Rhône)