Mon frère, écoute-moi.
C’est vrai, tu te sens bien impuissant. Tu es fatigué de tout et surtout de toi-même.
Mais, souviens-toi, quelque part dans le vieux Livre, il est écrit : « Va avec la force que tu as : n’est-ce pas Dieu qui t’envoie ? » (Juges 6,14).
Tu n’as que la force que tu as. Mais va quand même. Cette force t’est donnée par Celui qui met en mouvement le soleil et les autres étoiles. Elle doit te suffire. Elle te suffira.
Il te faut apprendre à être pauvre et à marcher avec peu.
Il te faut croire avec peu de foi, espérer avec peu d’espérance et aimer avec peu d’amour.
La plante doit apprendre à pousser là où elle a été semée, et avec ce qu’elle a. Elle ne choisit pas le terrain mais elle l’utilise. Certes, c’est vrai, elle ne peut pas changer le monde, mais la plus humble pâquerette peut fleurir son arpent de terre.
Prépare ta journée de demain comme si c’était la dernière que tu aies à vivre sous ce soleil. Alors elle sera peut-être la première d’une vie nouvelle.
Tu as peu de possibilités, certes, mais elles te suffisent. Pose ta pierre, ainsi tu contraindras Dieu à construire la maison.
Sème ta graine, Dieu devra bien la faire pousser.
Panse le blessé, il faudra bien que Dieu le guérisse.
Alors, un jour, un jour bientôt peut-être, la porte entr’ouverte de ta maison laissera passer tant de silence qu’il recouvrira les amertumes du jour, tant de lumière qu’elle envahira les ombres et les tristesses, et tant d’amour qu’il n’y aura plus ni cri, ni clameur, ni souffrance.
Alain Houziaux